« La situation est compliquée » : sans blague ?

Suite à la parution du journal Libération ce jour, il nous semble nécessaire de reprendre un certain nombre d’éléments. L’article détaille, à la suite d’une étude menée par Mr Delfraissy, la fermeture d’environ 20% des lits sur le territoire en lien avec la désaffection du personnel soignant. Si l’on peut reprocher l’absence d’interview de personnels non médicaux (infirmières, aides-soignantes…) l’article a le mérite de reprendre des points de vue hospitaliers, médecins et administrateurs, sur l’ensemble du territoire.

Mr Véran nous explique qu’aucun gouvernement n’a jamais autant fait pour l’hôpital depuis 20 ans. Nous pouvons certes lui accorder cette affirmation. Cependant il oublie de préciser qu’il a été le rapporteur de la commission des affaires sociales de l’assemblée nationale avant qu’il ne soit nommé Ministre et que, de ce fait, il s’est abstenu d’augmenter le budget de l’hôpital pour avoir un ONDAM en rapport avec l’augmentation du coût réel. Il siégeait déjà dans cette même Commission lors de la précédente mandature, avec le même résultat. Le gouvernement actuel n’est d’ailleurs pas exemplaire à bien des égards, puisqu’il aura fallu une crise sociale et une crise sanitaire pour revenir sur sa proposition de loi « Ma Santé 2022 » qui se trompait de diagnostic.

Sur la question de la désaffection, Mr Véran aborde uniquement pour le personnel non médical des entretiens personnalisés avec Pôle Emploi. Dans les statuts de la fonction publique hospitalière les agents démissionnaires ou en disponibilité ne sont pas éligibles aux allocations de retour à l’emploi et n’ont donc pas d’intérêt à s’inscrire. Cela sans compter sur l’efficacité d’un autre secteur de la protection sociale qui est, lui aussi, gouverné par des indicateurs de résultats avec le succès qu’on lui connaît…

Enfin, le Ministre nous explique en avoir “fini avec le dogme de la fermeture des lits”. Mais de quoi parle-t-on ? Du projet en cours du Grand Hôpital Nord de Paris qui va voir disparaître 300 lits en fusionnant les hôpitaux Bichat et Beaujon, des autres projets en cours ?

Les propositions nous paraissent donc bien pauvres et de mauvais augure pour la suite de l’exercice hospitalier. Le Ségur n’a pas convaincu et le service après vente ne fonctionne pas. La perte de chance pour les patients, elle est bien réelle en attendant, comme nous le soulignions encore cet été au sujet de l’accès aux soins d’urgences (cf CP du 5 Août 2021).

Nous portons l’espoir que la Santé reste un sujet central pour les prochaines élections présidentielles, puisque les carences de notre système ont un retentissement bien plus grave sur la vie des citoyens que les usurières thématiques de sécurité.

Le Collectif Inter-Urgences

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  1. La destruction organisée depuis plusieurs décennies de notre système hospitalier | Espace détente, poésie, judaïsme et lutte contre la désinformation - […] [16] https://www.interurgences.fr/2021/10/la-situation-est-compliquee-sans-blague/[↩] […]

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