Une petite musique insidieuse se diffuse depuis quelques jours et des médias s’en font le relais : la régulation du passage des patients aux urgences. Pour le CIU, cette idée est désastreuse.
On nous propose de réguler l’entrée aux urgences quand le problème se situe à la sortie.
Dans nos structures d’urgences, ce sont les patients hospitalisés sur un brancard, faute de place d’hospitalisation disponible, qui nous mettent en difficulté. Les places de Soins de Suite et Réadaptation (SSR) et d’EHPAD sont elles aussi faméliques.
Les urgences ne sont ni en capacité humaine ni matérielle de prendre en soin ces patients. Trouver une place, réaliser les soins d’accompagnement, subvenir aux besoins essentiels nécessite un temps soignant dont nous ne disposons plus. La faute de la désorganisation ne doit pas peser sur les patients.C’est bel et bien le manque de moyens structurels d’un hôpital exsangue qui n’est plus en mesure de répondre aux besoins de santé de la population.
En imaginant réguler l’entrée des urgences, qui pourra répondre à leurs détresses ? Les structures d’urgence sont souvent la dernière oasis au milieu du désert médical abyssal de l’offre de soins en ville. Les praticiens généralistes sont débordés et incapables d’accueillir les consultations non-programmées. Côté spécialistes, les délais aberrants sont légion, les tarifs des consultations chez les non-conventionnés insolites.
Les SAS (Services d’Accès aux Soins), solution issue du Pacte de refondation des Urgences de 2019, mis en place dans certains départements sont inefficaces. Les SAMU sont submergés d’appels et font également face à un sous-effectif chronique grandissant.
On ne peut pas créer de soignants du jour au lendemain. Nous avons besoin de solutions aujourd’hui, pas demain. L’exsanguination de notre système de santé se poursuit inexorablement. Ni les pansements, ni les garrots, ni les thérapeutiques mis en place par l’exécutif depuis trois ans n’ont pu la stopper. Nos sacrifices pour pouvoir continuer d’assurer notre mission de soins a fini par essorer beaucoup trop de nos collègues. Iels ont rencontré la vacuité du sens de leur métier. Le manque d’attractivité (gel du point d’indice, rappels sur repos, management toxique, valorisation insuffisante de travail de nuit et les week-end, difficulté d’accès à la formation professionnelle, manque de perspectives heureuses à court terme…) ne sont que trop d’éléments nous chassant de l’Hôpital Public. Nous attendons des réponses concrètes pour donner envie aux professionnels de rester en poste, pas d’un énième rapport pour constater ce que l’on sait déjà.
Réduire l’accès aux urgences, c’est une perte de chance pour les usagers potentiels que nous sommes tous.
Le Collectif Inter-Urgences
Bonjour, Bravo pour ce CP. Cependant, je pense que pour le commun des mortel qui est visé, je ne pense pas que le mot d’ordre « […] le problème se situe à la sortie. » ce soit très clair. Mais bon. Je trouve aussi qu’il faudrait davantage désigner les directions comme étant réellement complices de fait de la promotion de l’idéologie managériale dans la santé publique depuis quatre décennies ayant abouti à cette vacuité de sens dont souffre à présent notre métier. Solidairement. Philippe
Bonjour, je suis retraitée des hôpitaux et j’ai adhéré au collectif interurgences parce que je partage votre analyse sur la gravité de la situation des hôpitaux.
Je fais partie d’ un collectif qui s’est constitué contre le passe « sanitaire » comme instrument de fichage de la population , et nous nous battons pour la réintégration des soignants, des pompiers et de tous les suspendus.
Comme vous, nous sommes indignés par la mise en danger de la vie des usagers produite par la casse délibérée de l’hôpital public, et que le gouvernement voudrait nous faire accepter comme un fonctionnement « normal » de l’hôpital.
Christophe Prudhomme, porte parole des Urgentistes, appelle à une:
« revolte de la population bien plus forte que celle qu’on a connue avec les gilets jaunes » pour sauver l’hôpital public.
Il a raison. Seule, une mobilisation extrêmement massive et unitaire de tous les acteurs de la santé, soignants et usagers , peut mettre un coup d’arrêt à la destruction planifiée du tissu hospitalier, liée à celle de la sécurité sociale.
Mais une telle mobilisation se prépare, et c’est peut-être cette préparation qui a fait défaut lors des manifestations précédentes pour la défense de l’hôpital public, et qui pourrait encore faire défaut le 22 septembre. Nous y serons, mais cela ne suffit peut-être pas.
Que pensez-vous de l’organisation d’Assises pour la défense de l’hôpital public et de la sécurité sociale, réunissant tous les acteurs de la santé, associations d’usagers, de soignants, organisations syndicales ? C’est dans ce but que nous avons réservé le 29 septembre à 19h la salle Hénaff, au 29 bld du Temple à Paris (métro République). Votre présence est vivement souhaitée.
Nous souhaiterions qu’ensemble, nous préparions cette réunion.
Je reste à votre disposition pour toute précision complémentaire.
La maltraitance institutionnelle envers les soignants et les patients au sein des hôpitaux publics, instaurée par tous les gouvernements successifs, qui ont poussé les hôpitaux à s’endetter, pour créer la dette de l’hôpital public avec la complicité des banques, puis ensuite, les gouvernements ont supprimé des postes de soignants, fermé des lits et des services…………….et sous- payent les soignants et les non soignants, pour faire des économies à cause de la dette. Ensuite ils ont mis en place l’ONDAM, le management pour que les soignants travaillent à la chaîne et chronométrés pour faire du bénéfice pour rembourser la dette . Tous les gouvernements sont responsables de tout ça et c’est à cause d’eux que les soignants sont en manque d’effectif,en manque de moyens, qu’ils sont épuisés, en grande souffrance, maltraités et que des patients sont décédés sur des brancards dans les urgences des hôpitaux.
Le Collectif Européen Des Patients Des Hôpitaux Publics Et Des Résidents Des Ehpad : https://cephpre.fr
Bonjour,
Je fais partie d’un collectif contre le passe et pour la réintégration des soignants suspendus. Nous nous battons également pour la défense de l’hôpital public et de la sécurité sociale. La régulation n’est pas la solution nous en sommes bien d’accord.
Christophe Prudhomme, porte-parole des urgentistes a déclaré : seule une révolte de la population bien plus forte que celle qu’on a connue avec les gilets jaunes peut sauver l’hôpital public.
Il a raison. Mais nous craignons que le 22 septembre, le 29 septembre ne soient pas ce raz-de-marée dont nous avons besoin, même si bien sûr nous y serons.
Il nous semble qu’il faut une préparation en amont, par des Assises regroupant les soignants, les usagers individuellement et avec leurs associations et organisations syndicales.
Nous avons réservé une salle à la Bourse du Travail : la salle Hénaff, 29, bld du Temple au métro République dans cet objectif.
Nous souhaitons vivement que le Collectif Interurgences (auquel je viens d’adhérer en tant que retraitée des hôpitaux) y participe ou même, encore mieux, qu’il l’organise avec nous.
Merci de me répondre. Je reste à votre disposition pour toute précision complémentaire.
Joelle Attia.