Un poison d’avril ?

Monsieur le Président, vous comprenez notre “lassitude, fatigue, emportement et énervement”. C’est bien tout ce que vous souhaitez admettre. Un an de pandémie et vous persistez dans votre gestion au lance-pierre de la crise sanitaire.

Monsieur le Président, vous demandez “un effort des soignants”. Toute cette année, vous avez pu compter sur nous. Ainsi en un an, aucun nouveau lit n’a été ouvert, l’absence d’une réelle politique d’attractivité au sein des hôpitaux publics contraint aujourd’hui les directions aux gels des mobilités des personnels. Depuis un an, nous avons sacrifié nos vacances et nos jours de repos. Depuis un an nous sommes soumis aux changements d’organisation (temps de travail, soins, services) et utilisés comme des pions par nos directions sans se soucier des conséquences pour les professionnels.

Monsieur le Président, vous annoncez ne “jamais avoir perdu le contrôle de l’épidémie et avoir la maîtrise de la situation à l’hôpital”. Les déprogrammations, les renoncements et les retards de diagnostics prouvent le contraire.

Monsieur le Président, lorsque vous énoncez les trois principes qui vous guident lors de cette crise, la sécurité, l’équilibre et la responsabilité, cela apparaît comme une insulte au regard de la gestion hospitalière que vous mettez en place.

Vous parlez de sécurité: elle disparaît quand nous devons prioriser le devenir des patients par manque d’investissement. L’hôpital ne soigne pas seulement les patients porteurs de la Covid. Encore une fois, ce sont les autres pathologies qui vont pâtir des carences de notre système de santé.

Vous évoquez l’équilibre: la balance est inégale entre les efforts demandés et les moyens dont nous disposons. Le seul équilibre qui dirige l’hôpital et le système de santé à ce jour reste l’économie et la diminution des coûts.

Vous exhortez à la responsabilité: Depuis un an, c’est ce que nous faisons tousAujourd’hui, nombre de soignants souhaitent partir, éreintés et écœurés par les conditions de travail dégradées, la perte de sens de leurs métiers, la maltraitance institutionnelle.

Une telle allocution à la veille du 1er avril, sonne comme une farce de mauvais goût.

Les soignants, parfois au prix de leur vie, font preuve de sacrifice et de dévouement lors de cette crise. Et vous, monsieur le Président, vous nous demandez efforts et responsabilités !

Nous sommes toujours présents, l’inverse n’est clairement pas démontré.


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